Année : 2017

Invasion !

Auteur-e(s) : Jonas Hassen Khemiri, traduit du suédois par Susanne Burstein en collaboration avec Aziz Chouaki


🗓️ Date de la première : Le 20 octobre 2017

📍Au Proscenium Rue Souverain-Pont 28, 4000 Liège 


Texte publié aux éditions Théâtrales, éditeur et agent de l’auteur.


Distribution :

Nastasja Caneve, Francesco Nobile, Serko Roselmack et Benoît Vieujean

Mise en scène : Eugène Egle-Corlin
Scénographie : Simon Drahonnet et Daniel Deswert
Régie : Jean-Marie Rigaux


A propos de l’auteur-e

Né en 1978 à Stockholm, Jonas Hassen Khemiri est considéré comme l’un des auteurs suédois les plus importants de sa génération.

En 2003, à seulement 25 ans, il obtient une notoriété considérable avec la publication de son premier roman, Un rouge œil, best-seller en Suède. Son deuxième roman, qui s’est également vendu à plus de 200 000 exemplaires, Montecore, lui vaut de nombreuses récompenses. En 2012 paraît son troisième roman, J’appelle mes frères, tiré de sa pièce du même nom.

En 2015 il reçoit le prix August (équivalant du prix Goncourt en Suède) pour son roman Tout ce dont je ne me souviens pas, à paraître chez Actes Sud en 2017.

Sa langue romanesque imprégnée de théâtralité lui fait aborder l’écriture dramatique en 2006 avec la commande d’une pièce par le Théâtre municipal de Stockholm, Invasion !, qui se joue à guichets fermés pendant deux ans. En France elle est créée en 2010 au Théâtre Nanterre-Amandiers dans une mise en scène de Michel Didym.

Jonas Hassen Khemiri a écrit à ce jour plusieurs pièces : Cinq fois Dieu, créée en 2008,Nous qui sommes cent, créée en 2009 au Théâtre national de Göteborg et mise en scène en 2015 par le collectif Fluorescence au Théâtre National de Belgique. L’Apathie pour débutants, créée en 2011 au Théâtre municipal de Göteborg, J’appelle mes frères, créée au Théâtre national de Malmö et sélectionnée à la Biennale de théâtre en Suède en 2013.

Jonas Hassen Khemiri a reçu de nombreux prix dont la bourse Henning-Mankell en Suède et le OBIE Award aux États-Unis en 2011. Ses romans sont traduits en français, en allemand, en danois, en norvégien, en finnois, en néerlandais, en hongrois, en italien, en russe et en anglais, et ses pièces sont jouées en Belgique, en France, en Allemagne, en Norvège, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Jonas Hassen Khemiri creuse de façon rare un univers personnel où la langue et l’écriture sont au service d’une recherche sur la nature de l’individu contemporain, révélée au prisme d’une histoire en mouvement, dans laquelle l’immigration et la mondialisation sont les ferments d’un trouble de l’identité.


Le mot du metteur·se en scène :

Après avoir mis en scène une pièce sur le thème du harcèlement au travail avec Hard Copy de Isabel Sorrente, je désire monter « Invasion! » de Jonas Hassen Khemiri, qui est pour moi un texte aussi acerbe, drôle, et surtout pertinent que le précédent. Le thème est cette fois la peur diffuse de l’étranger, thème ô combien d’actualité. C’est un zapping idéologique, plein d’humour et cinglant en même temps. Cette pièce enchaîne les clichés pour créer un maelström de raccourcis, faisant du premier quidam venu un terroriste en puissance.

Ces derniers temps, suite à cette période d’élections présidentielles en France, nous avons pu constater comment les rumeurs, les fausses informations ont pu circuler et même se substituer à de vraies informations. Ici on ne parle pas directement de politique, mais on interroge notre rapport à l’étranger, et à au manque de rigueur des médias et des informations qui peuvent s’apparenter à de la manipulation. Et ça grince, ça appuie là où ça fait mal et notre bonne conscience en prend pour son grade. On prend conscience de ses propres habitudes de « raciste ordinaire »; comme lorsqu’un des personnages de la pièce se gargarise d’avoir « des voisins qui viennent d’Afghanistan mais qui sont très sympas ».

Invasion !, c’est un peu comme ce furet qui court, qui est passé par ici et repassera par là… Une course poursuite derrière quelque chose dont on n’est même pas certain de l’existence, et si « ça » existe, de quoi s’agit-il exactement? Une rumeur qui peu à peu se transforme en réalité. C’est une bande de mecs un peu nazes, boutonneux, qui ne savent pas vraiment parler ni s’exprimer, et essaient de draguer les filles.

Pour s’inventer une existence, ils ont imaginé un personnage qui s’appelle Abulkasem tout droit sorti des tréfonds du 18e siècle pour envahir une Europe assez raciste. Une pièce de théâtre féroce et efficace qui nous interpelle avec un humour tranchant sur le racisme présent en chacun de nous et cette espèce d’intolérance cachée.

Dès la première lecture de cette pièce je me suis directement vu projeté entre la comédie et la tragédie. cette pièce sera également un réel plaisir pour le public.

« Vos mots peuvent être utilisés contre vous, quoi que vous disiez. Même le silence peut être interprété de façon à rentrer dans les clichés »

Dramuscules

Auteur-e(s) : Thomas Bernhard


🗓️ Date de la première : Le 1 mai 2017

📍Au Proscenium Rue Souverain-Pont 28, 4000 Liège 


Dramuscules – petits drames – est constitué de sept courtes pièces : deux commères sortent d’une église et découvrent une forme allongée dans la pénombre (un mort ? qui ?) ; plus tard, elles évoqueront le décès accidentel d’un bienfaiteur de leur entourage (mais celui-ci était-il donc si charitable ? et celui qui l’a renversé bien involontairement n’était-il pas turc ?) ; entretemps, l’une d’elles se sera lamentée sur l’uniforme abîmé de son mari policier, lequel est absorbé par un match (se fait-il respecter par ces hordes de manifestants ?) ; un homme politique entre en scène, bientôt suivi de deux jolies femmes (est-il un authentique démocrate ?) ; le dramaturge, lui, n’hésite pas à se théâtraliser…


Distribution :

Fanny Liberatoscioli, Florine Roland et Michel Gramme

Mise en scène : Thierry Roland
Scénographie : Thierry Roland, Dimitri Podgornïi, Jean-Michel Beaupain et Daniel Deswert
Régie : Quentin Hupkens, Dimitri Podgornïi, Julie Liberatoscioli, Jean-Marie Rigaux


Le mot du metteur·se en scène :

Avec un humour noir et grinçant qui n’élude pas l’autodérision, Thomas Bernhard explore le fantasme d’une permanence du nazisme, jamais éradiqué, dans une outrance qui confine au délire. Les préjugés, les frustrations, les soupçons qui s’expriment au quotidien, les méchancetés qui en résultent, s’exacerbent dans des propos redondants, lancinants et finalement hystériques.

L’enfance de Thomas Bernhard, né en 1931, a été partagée entre l’Autriche et l’Allemagne. Il demeurera traumatisé par le nazisme. Il y a de quoi : en 1942, il fait un séjour dans un centre d’éducation national-socialiste pour enfants en Thuringe, où il est maltraité et humilié; il est placé dans un internat nazi à Salzbourg en 1943. Son œuvre littéraire – dont son grand roman Extinction, un effondrement – met en doute le processus de dénazification d’après-guerre et expose, au contraire, la persistance d’un fascisme souterrain, parfois dissimulé par un catholicisme compassé. Le style de Bernhard, si particulier, est de nature à fasciner lecteurs et spectateurs, tant il est en adéquation avec la teneur de ses propos : des phrases répétitives, fondées sur un langage populaire, mais cristallisées dans une forme in fine très littéraire ; elles charrient toutes les obsessions (les siennes, celles de ses personnages) propres à être scandées jusqu’à l’hystérie. Thomas Bernhard meurt en 1989 des suites d’une maladie pulmonaire qui l’accable depuis l’immédiat après-guerre. Les Dramuscules avaient été écrits l’année précédente. Près de trente ans plus tard, les faits contemporains en font ressortir d’interpellantes résonances.

Ce qui est captivant dans l’œuvre de Bernhard, particulièrement dans Dramuscules, c’est la disposition de l’auteur à exhiber les tréfonds de l’âme humaine, l’arrière-zone bien grise d’un cerveau – dans sa composante reptilienne – qui fait osciller l’individu de la bienveillance à la haine vigoureuse. C’est encore la prescience que le nazisme a instillé des comportements qui ne sont pas forcément le fait d’un peuple et d’un moment historique singuliers, même s’ils ont été amplifiés par cette idéologie, mais qu’ils répondent à des pulsions prêtes à se manifester à d’autres époques. La nôtre connaît une recrudescence des populismes qui, s’ils ne véhiculent pas la nostalgie de l’hitlérisme, ne laissent pas d’inquiéter les démocrates. Ainsi, tant d’Européens se sont-ils crispés – affectivement et politiquement – à l’égard des migrants (c’est ainsi qu’ils les ont nommés) en plébiscitant des politiciens autoritaires. La xénophobie l’a emporté sur la solidarité; les émotions suscitées par la crainte d’un basculement de nos sociétés ont enrayé l’empathie qu’auraient dû engager la souffrance et la mort de tant d’innocents fuyant l’horreur (plus de 10.000 noyés en Méditerranée depuis 2014). Le théâtre est un lieu d’interpellation par excellence (dans la proximité féconde du spectacle et des spectateurs, ce qui est particulièrement patent au Proscenium). Aussi, la jubilatoire superposition des écrits de Thomas Bernhard et de nos préoccupations, du rire et du drame, d’un décor immaculé et d’un propos à la noirceur avérée, m’a-t-elle semblé digne d’être proposée au Théâtre Proscenium auquel je sais gré d’avoir encouragé, de toutes les manières, ce projet.

Un village de fous

Auteur-e(s) : Neil Simon (traduction de Benoit Girard)


🗓️ Date de la première : Le 17 mars 2017

📍Au Proscenium Rue Souverain-Pont 28, 4000 Liège 


Les habitants de Kulyenchikov sont tous devenus fous sous l’emprise d’un sortilège que leur a jeté le Comte Yousekevitch. Léon, un jeune professeur zélé et fraîchement arrivé de Moscou, tombe amoureux de la belle Sophia et se met en quête d’instruire les villageois pour les délivrer du mauvais sort. Mais le temps presse !!! Léon n’a que 24 heures sinon il sera frappé par le même maléfice…

Une fable sur les vertus de l’éducation comme outil de libération des tyrannies et fausses croyances en tous genres. Une comédie éminemment salutaire pour renouer avec son âme d’enfant et son potentiel à l’émerveillement !!!

Le propos

Léon libère le village de Klyenchikov de l’emprise néfaste du méchant Comte Yousekevitch. Il s’agit, bien évidemment, d’une métaphore.

« L’ignorance qui sévit à Kulyenchikov est de l’autopunition causée par la peur et la culpabilité. C’est la soumission aveugle de votre personne à un pouvoir tyrannique. » (Léon Steponovitch Tolchinsky)


Distribution :

Carole Cuelenaere, Anne Deckers, René Dupont, Michel Fourré, Delphine Gaspers, Dimitri Podgornii, Jean-Marie Rigaux, Stéphane Strepenne et Eric Vandebroek

Mise en scène : Luc Jaminet, assisté de Nathalie Wilmots
Scénographie : Daniel Lesage et Daniel Deswert
Création lumière : Julien Legros
Régie : Kinou Nicoletti et Merlin Jaminet


Le mot du metteur·se en scène :

Luc Jaminet a toujours tenté l’alternance « comédie/drame » dans son travail de metteur en scène au théâtre Proscenium. Des spectacles sombres comme « Trainspotting » d’Irvine Welsh, « Catégorie 3.1 » de Lars Noren ou « Love & Money » de Denis Kelly ont été contrebalancés par des productions plus ludiques tels que « Harvey » de Mary Chase ou « And Björk of course » de Thorvaldur Thorsteinsson.

Aller chercher demain

Auteur-e(s) : Denise Chalem


🗓️ Date de la première : Le 6 janvier 2017

📍Au Proscenium Rue Souverain-Pont 28, 4000 Liège 


Nicole partage un petit appartement avec son père. Veuf, ancien voyageur de commerce qui avait rêvé d’être violoniste, en Pologne, sa patrie, Charles s’ennuie. Il est très fatigué et ne peut sortir.

Dans l’appartement, il entretient de grandes conversations avec un oiseau en cage, se distrait en racontant des blagues juives à l’amoureux de sa fi lle, Adrien qui lui rend parfois visite. Charles aimerait bien que sa fi lle soit plus aimante avec Adrien… Mais elle a du caractère et même un sale caractère.


Distribution :

Jacques Delens, Georges Gason, Justine Pierart et Michèle Willimès

Mise en scène : Jean-Pierre Boxus assisté de Pascale Delens
Scénographie : Daniel Deswert
Régie : Dimitri Podgornii et Julien Simon


A propos de l’auteur-e

Née en 1952 au Caire, émigrée en France et éduquée loin de ses parents dans une pension, Denise Chalem s’est vue formée comme comédienne à Censier par Jacques Lassalle, puis à Reims par Robert Hossein, pour enfin aboutir au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris dans la classe d’Antoine Vitez. A partir de là, elle enfile les multiples casquettes de comédienne, auteur, metteur en scène et réalisatrice. Comédienne, elle a travaillé notamment sous la direction de Jacques Rosner, Gabriel Garran, Jean-Pierre Vincent (“Le Mariage de Figaro de Beaumarchais”, Molière du meilleur spectacle 1988, rôle : la Comtesse), Bernard Murat (“La Double Inconstance” de Marivaux, nomination pour le rôle de Flaminia aux Molières) ou encore de Marcel Bluwal (“Conversation avec mon père” d’H. Gardner, nomination pour le rôle de Gusta, Molières 2002).

Parallèlement, elle mène avec succès une carrière d’auteur et de metteur en scène. Début des années ‘80, elle écrit sa première pièce de théâtre “A cinquante ans, elle découvrait la mer” (prix des Nouveaux Talents S.A.C.D.), mise en scène par Gabriel Garran au Petit Odéon et traduite et jouée dans de nombreuses langues, dans plus d’une dizaine de pays. Elle crée sa seconde pièce en 1986 “Selon toute ressemblance” qu’elle met en scène et interprète. La même année, elle reçoit le prix de la Fondation de la Vocation pour “La Nuit de Cristal” et écrit “Couki et Louki sont sur un bateau”.

Mais Denise Chalem ne s’arrête pas là. En plus du théâtre, elle est présente aussi bien à la télévision avec “Les sept jours du marié” et “Nés de la Mère du Monde” (son premier long métrage de fiction en tant que réalisatrice); qu’au cinéma avec entre autres “La Côte d’amour” de Charlotte Dubreuil et “Camille Claudel” de Bruno Nuytten. Denise Chalem a également reçu le prix Arletty pour l’ensemble de son oeuvre dramatique et a été professeur d’art dramatique à l’E.N.S.A.T.T. En novembre 2004, elle crée son nouveau spectacle “Dis à ma fille que je pars en voyage” au Théâtre du Rond-Point à Paris. Le spectacle obtient en 2005 le Molière du meilleur spectacle de création française et le Molière de la meilleure comédienne pour Christine Murillo. En 2011, elle interprète “Aller chercher demain” avec Michel Aumont au Théâtre de Paris pour laquelle elle est nominée au Molière de l’auteur francophone vivant.

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